Comprendre qui nous informe

Jul 8 / Ekedi Kotto Maka

L’information que nous consommons façonne notre compréhension des événements, des annonces publiques et des bouleversements mondiaux.

Savons-nous vraiment différencier les canaux médiatiques qui la diffusent ?
Pour mieux s’informer, il est essentiel de comprendre les mécanismes propres à chaque canal médiatique, leurs atouts, leurs limites, et l’influence concrète qu’ils exercent sur notre perception du réel.

Qui nous informe ?

Voici une grille des principaux types d’acteurs de l’information aujourd’hui. Chacun répond à des logiques spécifiques, influence différemment notre attention, notre mémoire et notre jugement.

1. Les curateurs de contenu

Des comptes présents sur TikTok, Instagram ou X, qui réorganisent des contenus existants, souvent sans les transformer. L’objectif : capter l’attention par l’émotion ou une ambition de viralité. Leur approche est visuelle, rapide, parfois spectaculaire.

  • Forces : accessibilité, vitesse, format vidéo court
  • Limites : vérification parfois aléatoire, manque de contexte, logique algorithmique dominante

2. Les médias militants et indépendants

Souvent financés par leurs communautés (dons, abonnements), ces médias mettent en avant des causes ou des points de vue peu visibles ailleurs. Certains se revendiquent du journalisme, d’autres de l’activisme.

  • Forces : diversité éditoriale, « contre-pouvoir »
  • Limites : biais idéologique assumé ou implicite, faible contradiction interne, parfois absence de rigueur

3. Les médias de service public

Financés par l’impôt ou des contributions publiques, ils remplissent une mission d’intérêt général. Leur objectif est la pédagogie, la pluralité des points de vue et la production de contenus fiables.

  • Forces : rigueur, pédagogie, traçabilité.
  • Limites : ton perçu comme institutionnel, soupçons de partialité selon les sensibilités politiques.

4. Les médias traditionnels privés

Ils ne sont pas forcément journalistes, mais produisent des contenus narratifs forts, incarnés, et souvent engagés. Leur efficacité repose sur la proximité avec leur communauté et une capacité à vulgariser l’actualité. Certains se professionnalisent, collaborent avec des journalistes, voire montent des collectifs.

  • Forces : accessibilité, narration efficace, approche pédagogique.
  • Limites : subjectivité élevée parfois, absence de cadre éditorial structuré, redevabilité limitée.

5. Les créateurs de contenu d'information (influenceurs engagés)

Dotés de rédactions structurées, ces médias ont des moyens pour enquêter et contextualiser. Leur indépendance est parfois questionnée en raison de leur appartenance à de grands groupes industriels.

  • Forces : méthodologie journalistique, contextualisation, expertise.
  • Limites : erreurs ponctuelles, concentration des propriétaires, pressions économiques.

Pourquoi ces distinctions sont importantes?

Les frontières entre ces catégories sont perméables. Un influenceur peut produire une enquête solide, un média public peut adopter une narration immersive, un curateur peut proposer une analyse fine. Comprendre la logique dominante de chaque canal permet de mieux décoder ce que nous voyons, entendons, partageons.
Confondre émotion et information, opinion et enquête, narration et démonstration, c’est ouvrir grand la porte à nos biais cognitifs. Cette confusion, entretenue par les algorithmes et les logiques virales, appauvrit donc notre rapport au réel.

Trois réflexes pour muscler son esprit critique

1. Diversifier ses sources

Lire une même information chez un média traditionnel, un créateur engagé, et un média public permet de repérer les angles morts ou les points de tension.

2. Croiser les formats

Une vidéo TikTok peut être le point de départ. Mais elle doit inviter à consulter une enquête ou des documents originaux.

3. Analyser la méthode

Qui parle ? Sur quelle base ? Quelles sont les sources ? Un bon réflexe : se demander si l’info serait publiable dans un journal soumis à la déontologie journalistique.

Pour aller plus loin

Grille de « fiabilité » indicative

Catégorie Fiabilité potentielle Intention / Biais possibles Critères à évaluer Recommandation
Curateurs de contenu (ex : pages de curation, agrégateurs) Faible à moyenne Logique virale, pas de production propre Origine / fiabilité des sources citées ou partagées par le curateur Toujours remonter à la source primaire
Médias militants/indépendants Variable
(selon rigueur)
Défense d'une cause, angle affirmé Transparence, traçabilité, pluralisme Confronter à d'autres angles
Médias de service public Moyenne à élevée Cadre institutionnel, biais d'État possibles Pluralisme, indépendance de la rédaction Vérifier l’équilibre des points de vue
Médias traditionnels Moyenne à élevée Dépendances économiques, standardisation Rigueur factuelle, corrections publiées Recontextualiser selon l’éditeur
Créateurs d'information Très variable Narration personnelle, parfois expertise Crédibilité personnelle, preuves citées Vérifier expertise et sources
Mini-parcours

Analyser et comprendre le terrain informationnel 

Créé avec